piège du bonheur

Et vous, êtes vous tombés dans le piège du bonheur?

« Imaginez pendant un instant que tout ce que vous croyez sur la quête du bonheur soit inexact, trompeur et même erroné. Imaginez maintenant que ce sont justement ces croyances qui sont la cause de ce malheur. Et si vos efforts pour trouver le bonheur vous empêchaient de le trouver ? Et si à peu près toutes les personnes que vous connaissez étaient dans le même bateau – y compris tous les psychologues, psychiatres et autres gourous de la croissance personnelle qui prétendent avoir réponse à tout ? » (Russ Harris )

piège du bonheur

Les mythes sur bonheur

C’est ainsi que Russ Harris, fondateur des thérapies ACT introduit son ouvrage : « Le piège du bonheur ».  Il y décrit entre autres pourquoi des personnes qui ont, en apparence, « tout pour être heureuses » ne le sont pas toujours. Il évoque également les pièges psychologiques dans lesquels nous tombons et qui sont sources de maux. L’auteur s’attarde ainsi sur le concept du bonheur, omniprésent dans notre société et déconstruit les croyances qui entretiennent notre souffrance.

 

Mythe N°1 : Le bonheur est l'état naturel chez tous les êtres humains

Notre société nous pousse à croire que les humains sont naturellement heureux.

Comment expliquer alors qu’un adulte sur cinq connaitra une dépression ou un trouble anxieux?

La probabilité que vous souffriez d’un trouble psychiatrique défini par le DSM-5 cours de votre vie est de 30%!

Et lorsqu’on ajoute à cela la souffrance qui n’est pas classée comme un trouble psychiatrique (solitude, divorce, stress au travail, faible estime de soi, harcèlement, difficultés sexuelles…), vous pouvez peut-être commencer à percevoir que le bonheur n’est pas un état naturel. 

Du point de vue de l’évolution, l’esprit humain a été façonné pour penser d’une manière à être plus attentif aux aspects les plus négatifs de notre environnement. En effet, pour nos ancêtres, les hommes préhistoriques, la vie était particulièrement dangereuse. S’ils voulaient survivre, leur esprit devait être attentif à tous les dangers potentiels. S’ils ne prédisaient ou n’évitaient pas les menaces, la mort les attendait. Le mot d’ordre était donc « la sécurité avant tout ». Les hommes modernes ont hérité de ce fonctionnement de notre cerveau. Nos esprits « modernes » nous avertissent constamment de ce qui pourrait être dangereux. Ainsi nous ressassons le passé, nous comparons aux autres, jugeons ce qui se passe autour de nous. Aussi, lorsque votre esprit commence à produire ces pensées, rappelez-vous : Cela n’est pas dysfonctionnel. Nous avons été programmé pour penser ainsi.

Mythe N° 2 : Si vous êtes malheureux, alors vous avez un problème

En suivant la logique du mythe précédent, on comprend aisément pourquoi nos sociétés occidentales considèrent que la souffrance psychologique est anormale. Les Hommes le perçoivent comme un signe de faiblesse. Nous associons le fait d’être malheureux au fait de ne pas faire d’efforts pour être heureux. 

 

Cela signifie que lorsque nous éprouvons de la souffrance, des émotions difficiles, nous nous reprochons souvent d’être faibles ou stupides.

 

La thérapie d’acceptation et d’engagement repose sur hypothèse novatrice : Elle propose que les processus normaux de pensée chez l’humain le conduiront naturellement à éprouver de la souffrance psychologique. Vous n’êtes pas défectueux ou faible. Votre esprit fait simplement le travail pour lequel il a évolué. L’ACT permet de trouver une voie qui permet de s’adapter à cela de telle manière que votre vie peut être durablement transformée.

Mythe N° 3 : Je dois me débarasser de mes émotions "négatives" pour être heureux

bonheur et dépression

Nous vivons dans une société d’abondance. Notre culture est profondément imprégnée par la recherche du bonheur. Pour cela, nous sommes incités à éliminer les sentiments « négatifs » et à accumuler des sentiments « positifs ». Cela semble logique à priori.

 

Après tout, qui a envie d’expérimenter des situations désagréables? Mais là est le piège : Les choses que nous apprécions le plus dans la vie entraînent nécessairement toute une gamme d’émotions, agréables et désagréables. Par exemple, les sentiments éprouvés vis à vis de ses enfants sont merveilleux, ils suscitent un amour inconditionnel, de la joie. Pourtant, nous éprouvons également en tant que parents des émotions puissantes telles que la colère, la frustration, la déception…

 

Il en va de même pour tout ce qui compte pour nous. Bien que cela nous apporte des sentiments d’enthousiasme, d’excitation, de joie, nous pouvons nous ressentir de la peur, de l’anxiété à leur sujet.

 

Croire que nous devons nous débarasser de nos émotions « négatives » pour être heureux pose un gros problème car il est quasiment impossible de créer une vie meilleure si nous ne sommes pas prêts à accepter l’inconfort de certaines émotions.

Mythe N° 4 : Afin d'être heureux, je devrais être capable de contrôler mes pensées et émotions

Le fait est que nous avons beaucoup moins de contrôle sur nos pensées et émotions que nous aimerions.

Cependant nous avons un pouvoir sur nos actions. Et c’est précisement en agissant que nous pouvons créer une vie pleine de sens. 

De nombreux programmes de gestion des émotions nous enseignent à identifier les pensées négatives et à les remplacer par des pensées plus positives. D’autres approches nous encouragent à répéter des affirmations positives : « Je suis fort et capable de faire ce que je veux ». Le thème  commun de ces approches est celui-ci : Si vous parvenez à supprimer vos pensées et images négatives, et à remplir votre tête de pensées positives, alors vous trouverez le bonheur! Si seulement la vie était aussi simple! Vous avez déjà probablement essayé d’innombrables fois de penser de façon plus positive, de vous convaincre qu’il n’y avait aucune raison de se sentir comme cela. Pourtant, les pensées et émotions désagréables reviennent encore et encore.

Ce n’est pas que ces techniques n’ont aucun effet. Elles peuvent vous aider à vous sentir mieux temporairement. Mais elles ne permettent pas de se débarasser de ces pensées sur le long terme. Lorsque vous ne vous sentez pas trop angoissé cela peut fonctionner. Mais lorsque votre niveau de vulnérabilité et de fatigue augmente, votre capacité à contrôler vos émotions et pensées diminue.

Le cercle vicieux...

En conclusion...

Un des paradoxes des pensées et émotions réside d’ailleurs dans le fait que plus nous tentons de les contrôler, plus elles échappent à notre contrôle. Plus elles échappent à notre contrôle, plus elles prennent de la place. Plus elles prennent de place, moins nous avons la possibilité de libérer de l’énergie dans des actions qui contribueront à notre bonheur!

Lorsque la solution devient le problème, nous tombons dans un cercle vicieux : « J’ai peur du rejet. L’idée qu’on ne puisse pas m’aimer est vraiment douloureuse. Quand je suis avec les autres, je pense sans arrêt que je ne suis pas intéressant. Il ne peuvent pas m’aimer. Ils vont s’apercevoir que je n’ai rien d’intéressant à dire. Ils vont finir par ne plus me donner de nouvelles. Ce sera vraiment horrible pour moi. Je vais encore finir seul. »


Comme je ne supporte plus de ressentir de l’anxiété en présence des autres ou avoir ces pensées, j’évite de rencontrer d’autres personnes. A court terme, cela me protège, je n’ai plus à subir ces sensations. Mais finalement je n’ai pas d’amis, je reste seul la plupart du temps. Je refuse toutes les invitations à sortir car je redoute de ressentir des émotions désagréables. Les rares fois où j’accepte de sortir, je suis encore plus anxieux car je n’ai plus l’habitude. Je suis totalement focalisé sur mon angoisse. Je me retrouve donc à terme seul, sans amis et sans vie sociale, ce qui était ma plus grande crainte. Cela me rend profondément triste. Je ne devrai pas être comme ça. Qu’est ce qui cloche chez moi? Finalement, c’est vrai, on ne peut pas m’aimer.

Ces quatre mythes puissants constituent le modèle de base du piège du bonheur. Ils nous préparent à une lutte contre notre propre nature humaine. C’est cette lutte qui construit le piège. Alors si on essayait d’arrêtait la lutte?